Les TPE-PME anticipent une sortie de crise

Représentant l’essentiel de l’emploi en France, les TPE-PME se montrent confiantes quant à la reprise de leur activité après le choc subi durant la crise sanitaire. Fin juin , leurs perspectives d’embauche et d’investissement progressent significativement par rapport à la fin de l’année dernière.

Photo d'illustration
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Les anticipations des patrons de TPE- PME sur leur activité s’améliorent, selon l’enquête de conjoncture réalisée par Bpifrance Le Lab auprès de 6 104 entreprises. Intitulée «les PME remontent la pente» et publiée le 23 juillet, l’analyse a pour objectif d’évaluer la situation des TPE-PME à mi-2021 et leurs perspectives dans le cadre de la levée progressive des restrictions sanitaires.

Les résultats dévoilent que 37% d’entre elles ont déjà retrouvé, voire dépassé le niveau d’activité d’avant-crise. 10% des dirigeants déclarent prévoir un retour à une activité « normale » d’ici fin 2021, et 28% à horizon 2022.

Les embauches et l’investissement en forte amélioration

Le rebond de l’activité, suite à la levée des restrictions sanitaires et l’accélération de la campagne de vaccination, s’accompagne de la reprise des embauches. Selon le dernier baromètre économique publié par la Caisse nationale des Urssaf, les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) ont augmenté de 5,7% en juin, après une hausse exceptionnelle de 38% en mai et une baisse de 8,3% en avril. Leur nombre a ainsi progressé de 33,8% sur trois mois et de 28,5% sur un an, celui des déclarations d'embauche en CDI de 39 % (sur un an).

Toutefois, malgré la reprise attendue du côté des embauches, les difficultés de recrutement repartent à la hausse. En effet, 75% des chefs d’entreprises déclarent rencontrer de telles difficultés, dont 35% les jugent sévères. Ces dernières restent cependant nettement moindres par rapport à leur niveau d’avant crise, pour tous les secteurs, à l’exception de la construction.

Les dirigeants de TPE-PME anticipent, en moyenne, une hausse du chiffre d’affaires à hauteur de 2,8% en 2021, après un recul de 13,2% l’an passé. Du côté des investissements, 44% déclarent avoir investi ou prévoient de le faire cette année. Établi à +4, l’indicateur relatif à l’évolution des montants investis a augmenté de 30 points sur un an, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis 2011. Le principal frein à l’investissement demeure la faiblesse de la demande, évoquée par encore 46% des entrepreneurs, mais en baisse de 15 points sur un an.

Une reprise tirée par l’industrie et le commerce

L’optimisme témoigné par les chefs d’entreprises concerne l’ensemble des secteurs mais reste particulièrement marqué dans l’industrie et le commerce. Le tourisme est en revanche le plus pénalisé par les restrictions sanitaires liées à la pandémie. Les TPE-PME de ce secteur s’attendent à un repli de leur chiffre d’affaires cette année, mais affichent plus de confiance pour 2022.

Géographiquement, les entreprises des régions Normandie, Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Bretagne sont les plus confiantes. Elles tablent sur une croissance de 5% en moyenne de leur chiffre d’affaires en 2021. Cet optimisme est également plus prononcé chez les TPE-PME exportatrices et innovantes. Environ 74% d’entre elles comptent renouer avec leur niveau d’activité d’avant-crise à horizon 2022, dont 46% l’auraient déjà retrouvé d’ici fin 2021. 10% tablent sur un retour à la normale plus lointain et 16% se disent incertaines quant à la possibilité de se relever.

Une trésorerie solide

Grâce aux nombreux dispositifs de soutien et aux différentes mesures exceptionnelles accordés par le gouvernement, 63% des dirigeants jugent leurs trésoreries suffisantes pour faire face à la crise tandis que 31% estiment que leurs difficultés de trésorerie sont surmontables. Seuls 1% des entrepreneurs se retrouvent dans l’incapacité de dépasser leurs problèmes de trésorerie.

L’étude souligne qu’une grande partie des PGE (Prêts garantis par l’Etat) souscrits reste toujours non utilisée. Parmi les structures ayant sollicité ce dispositif (56% des répondants), 24% déclarent avoir dépensé la quasi-totalité du prêt, 33% affirment l’avoir très peu ou pas du tout mobilisé, tandis que 24% n’ont dépensé qu’une faible part. Environ 4% craignent de ne pas être en mesure de le rembourser, contre 5% en avril et 8% en février.

Par ailleurs, la crise sanitaire a confirmé l’importance de la digitalisation dans les entreprises. Près de 56% des structures interrogées envisagent d’accélérer ou maintenir leur stratégie de transformation numérique en sortie de crise. Ce taux est en croissance de 3 points par rapport au mois de novembre dernier.

Reste toutefois à savoir si le regain de confiance des dirigeants de TPE-PME se maintiendra : ils ont été interrogés, dans le cadre de l’enquête, entre le 17 mai et le 15 juin, soit avant la propagation du variant Delta et de l’instauration du pass sanitaire...

Aicha BAGHDAD et B.L