Marché du travail dans dix ans : un monde bouleversé

La 4ème édition du baromètre Unedic de la perception du chômage et de l’emploi a mis en perspective la vision des Français sur les métiers dans dix ans. S’ils s’attendent à de grands bouleversements pour l’ensemble des actifs, ils sont néanmoins majoritairement confiants pour leur situation personnelle et leur capacité à faire face à ces changements.

Marché du travail dans dix ans : un monde bouleversé

La projection des Français à l’égard du marché du travail dans dix ans s’accompagne d’une certaine confiance. Si, lorsqu’ils pensent à l’évolution des métiers dans les dix prochaines années, ils imaginent un monde du travail bouleversé, ils accueillent néanmoins confiants ces changements. Ainsi, selon la 4ème édition du baromètre Unedic de la perception du chômage et de l’emploi*, 82 % s’estiment capables de s’adapter aux évolutions –évolutions technologiques, digitalisation, transition écologique…–, qui pourraient toucher leur métier à cette échéance. Une confiance élevée tant chez les plus diplômés (87 %), que chez les moins diplômés (77 %), chez les actifs en emploi (83 %) que chez les demandeurs d’emploi (77 %). Pour les aider à s’adapter aux évolutions de leur métier, les actifs comptent avant tout sur les organismes de formation professionnelle (34 %) et les entreprises (33 %), devant l’Etat (25 %), les collectivités locales (18 %) et les syndicats de salariés (18 %). A noter que les demandeurs d’emploi comptent particulièrement sur Pôle emploi (23 %, troisième acteur cité). A contrario, près de trois actifs sur 10 (29 %) déclarent ne compter que sur eux-mêmes.

Chômage, algorithmes et slashing

La majorité des Français estiment probable que de plus en plus d’actifs alterneront des phases de chômage et des phases d'emploi (81 %), mobiliseront les algorithmes et l’intelligence artificielle (80 %), n'exerceront pas un seul métier, mais plusieurs simultanément, soit un développement de la pratique du « slashing » (79 %), que les actifs travailleront davantage à distance, en télétravail (76 %), se formeront davantage qu’aujourd’hui (75 %). Et aussi qu’ils ne seront pas salariés, mais indépendants ou entrepreneurs (58 %). Dans ce monde bouleversé, les Français anticipent une forte expansion de deux métiers « d’avenir » : ceux du soin, d’abord, avec 61 % qui pensent qu’il y aura plus d’emplois d’aides à domicile et 38 % d’infirmiers, de sage-femmes ou d’aides-soignants ; et les métiers de l’informatique, avec 56 % qui estiment qu’il y aura plus d’emplois d’ingénieurs en informatique.

Pessimisme sur la situation de l’emploi

La projection dans un marché de l’emploi bouleversé s’accompagne toutefois d’un certain pessimisme sur l’avenir : près de la moitié des Français (49%) pensent que la situation de l’emploi sera moins bonne qu’aujourd’hui, plus d’un tiers aussi bonne, et 13 % seulement meilleure.

La projection s’accompagne également de quelques inquiétudes à l’égard des transitions en cours dans la société, notamment les évolutions technologiques et le vieillissement de la population. Ainsi, 41 % estiment que les évolutions technologiques causeront davantage de destructions que de créations d’emplois (et 38 % autant). Une proportion légèrement moindre partage cette crainte concernant le vieillissement de la population (33 % plus de destructions, 36 % autant). En revanche, ils se montrent plus optimistes à l’égard de la transition écologique : 42 % pensent qu’elle générera autant de créations que de destructions d’emplois, 26 % plus de créations, 22 % plus de destructions. Les Français s’attendent à ce que les créations d’emplois résultant des évolutions technologiques (65 %), et, dans une moindre mesure, de la transition écologique (41 %), bénéficient principalement aux plus diplômés. Ils sont en revanche plus mesurés à l’égard du vieillissement de la population : 51 % s’attendent à ce qu’il bénéficie autant aux plus diplômés qu’aux moins diplômés, 31 % aux moins diplômés, 18 % aux plus diplômés.

Enfin, sept actifs sur dix sont convaincus que leur métier sera touché par ces évolutions : la moitié d’entre eux déclarent qu’il va changer, mais pas radicalement, 15 % qu’il va changer radicalement, 6 % pensent même qu’il va disparaître.

* Baromètre de la perception du chômage et de l'emploi, étude de l'Unedic réalisée avec l'institut Elabe du 30 août au 26 septembre 2022.

Charlotte DE SAINTIGNON