Port 2000 – la Seine : la chatière ouvrira fin 2023

Crédit : BD Aletheia Press,  « Hervé Morin (Région) et Baptiste Morand (Haropa) encadrent Peter Balazs (Union européenne). En arrière-plan : Jean-Baptise Gastine, maire du Havre et Vanina Nicoli, sous-préfète du Havre. »
Crédit : BD Aletheia Press, « Hervé Morin (Région) et Baptiste Morand (Haropa) encadrent Peter Balazs (Union européenne). En arrière-plan : Jean-Baptise Gastine, maire du Havre et Vanina Nicoli, sous-préfète du Havre. »

Mercredi 11 décembre, la Région, l’Etat et l’Union européenne ont officialisé leur partenariat avec le port du Havre pour le financement d’un ouvrage raccordant Port 2000 à la Seine.

Relier Port 2000 à la Seine par la voie d’eau via une chatière… le projet n’est pas nouveau, mais il devrait finalement voir le jour. Un accord a en effet été trouvé sur le financement de l’ouvrage. Ainsi, le 11 décembre à la mairie du Havre, avait lieu la signature de la convention de financement qui engage Haropa – Port du Havre, la Région Normandie, et l’Union européenne. Fin 2023, il devrait donc être possible de rallier directement Paris par la voie d’eau depuis port 2000. Cet aménagement devrait doper encore le trafic fluvial de conteneurs, qui justement est en constante progression. La création de cette chatière représente un investissement de l’ordre de 125 millions d’euros, intégré dans un plan d’investissement global de près de 610 M€. Cette chatière sera réalisée grâce notamment à une contribution conséquente de la part de la Région : 82,5 M€. Celle-ci ouvre aussi un soutien national de 3,6 M€ à travers le contrat de plan Etat-Région. L’Europe soutient aussi ce projet à hauteur de 25 M€. Le reste du budget est supporté par Haropa, qui compte couvrir son endettement grâce à un péage sur la chatière. Celui-ci est fixé à 7,5 € par conteneur.

Un outil de plus dans le report modal.

Avec cet aménagement le port du Havre, et plus globalement l’ensemble des ports de la Seine via le GIE Haropa, se dotent d’un outil supplémentaire de report modal. Moins de camions et plus de voie d’eau. Mais si le projet à tant tarder à voir le jour, c’est justement que certains ne le voient pas tous d’un très bon œil. La chatière est parfois vue comme une concurrence potentielle à la plateforme multimodale, qui peine encore à trouver son équilibre économique. « Le fait que  personne n’ait contesté le principe d’un péage, c’est l’expression de l’intérêt de cet investissement» affirme toutefois Hervé Morin, le président de la Région Normandie qui se félicite par ailleurs que les blocages, qui paraissaient si forts, aient été surmontés. « Le projet s’est fait attendre, c’est vrai », admet Baptiste Morand, le directeur général de Haropa – Port du Havre. Mais il est aussi un élément clé du développement ouvrant la voie à un nouveau système d’information fluvial, à un meilleur traçage numérique des conteneurs.

Contrer ou compléter le canal Seine-Nord ?

Un bon point pour le port du Havre qui doit continuellement innover pour maintenir sa place concurrentielle en Europe, et notamment pour l’approvisionnement du Bassin Parisien. Car dans les faits, c’est bien la concurrence Anvers / Le Havre qui est en jeu. Ainsi, pour Hervé Morin, cette chatière « est d’autant plus importante que nous sommes face à l’hérésie du canal Seine Nord qui ouvre un peu plus le marché francilien au port d’Anvers ».  Une analyse qui n’est pas totalement partagée par Peter Balazs, coordinateur européen du corridor Mer du Nord – Méditerranée. Pour lui, les deux ouvrages, la chatière havraise et le canal Seine-Nord, sont des éléments essentiels au projet transfrontalier Seine-Escot. Et il les voit comme  une opportunité pour le port du Havre d’accroître son hinterland et de conquérir des parts de marché sur le nord de l’Europe…