Pratique du « slashing » : des actifs en quête de nouvelles expériences

De plus en plus d’actifs plébiscitent le « slashing », une dénomination qui recouvre la pratique du « multiemplois» ou « multiactivités », consistant à avoir plusieurs activités professionnelles, en parallèle. Dans le cadre de ses études sur les évolutions du monde du travail, Anywr (anciennement Cooptalis), a dévoilé une étude qui relève que cette alternative au travail salarié unique évolue en profondeur et attire davantage les cadres.

Photo d'illustration Adobe Stock
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Une nette majorité (93 %) des personnes multimétiers, les « slasheurs », exercent plusieurs emplois par choix, sans contrainte financière. C’est ce que révèle une étude menée par Anywr (anciennement Cooptalis)*, acteur européen du recrutement international et de la mobilité professionnelle. Si historiquement, le cumul de plusieurs emplois, qui concernerait 9 à 10% de la population active était la conséquence d’un travail saisonnier et/ ou partiel subi et s’adressait principalement aux professionnels désireux de compléter leurs revenus, la réalité semble aujourd’hui tout autre pour les adeptes du slashing. Ainsi, ce pluriemplois qui ne se fait plus seulement en cumulée, mais de façon simultanée, ne repose plus sur des motivations économiques et financières.

Des conditions de travail critiques

Pour preuve, seules 48 % des personnes interrogées auraient augmenté leurs revenus grâce au slashing et 45 % affirment ne pas gagner davantage. Leur objectif principal ? La recherche d’une plus grande diversité de missions. Depuis près de deux ans, le monde du travail connaît un remaniement complet, incitant parfois les Français à opter pour un renouveau professionnel. Certains actifs sont en quête de liberté, tandis que d’autres recherchent de nouvelles expériences. « De nouveaux slasheurs, plutôt jeunes, urbains et qualifiés, en quête de sens et d’épanouissement, optent pour la multiactivités », révèle l’enquête. Plutôt que simplement changer d’emploi salarié classique, les actifs optent pour cette pratique. Ils visent ainsi à retrouver du sens dans leur vie professionnelle (pour 47 % des personnes interrogées). Autres raisons invoquées pour opter pour cette alternative au travail salarié unique : le stress (pour 29 % d’entre eux) et la fatigue (22 %). « A travers une autre activité plus épanouissante ou deux temps partiels, le slasheur retrouve un confort au travail », justifie l’étude. Près d’un slasheur sur deux recherche ainsi diversité et polyvalence, lui permettant de casser l’ennui et de se réaliser en totalité. Autre motivation, pour 20 à 25% d’entre eux, le besoin d’indépendance ou d’horaires flexibles. « Cela traduit leur souhait de changer les codes habituels du travail et de rechercher plus de libertés concernant statuts professionnels et horaires ».

Des cols blancs désireux de sortir du CDI à plein temps

Principaux métiers concernés par la pratique, ceux des technologies de l’information. Ainsi, la majorité des répondants sont des slasheurs issus à 53% du secteur de l’IT, développeurs, chefs de projet ou encore infographistes. « C’est avec eux que la multiactivité est devenue accessible à de nombreux cols blancs, désireux de sortir du carcan d’un contrat à plein temps en CDI, note Anywr. Si le contrat à durée indéterminée reste le repère rassurant, alliant sécurité de l’emploi et statut social pérenne, il est aussi associé au stress, à la fatigue, à la monotonie, et parfois aux abus d’autorité. Chez eux, le slashing est un choix, porté par une véritable volonté d’indépendance, un rejet de l’ennui dans le carcan du travail unique, symbole de l’époque des trente glorieuses ». L’engouement pour cette pratique peut s’expliquer par plusieurs facteurs, au premier rang desquels l’évolution technologique, la généralisation des outils numériques et la création du statut d’auto-entrepreneur (2008). 

Charlotte DE SAINTIGNON

*Etude menée par Cooptalis (devenu Anywr), fin 2021, auprès de 684 Français qui exercent plusieurs emplois (freelances, CDI, CDD…), de tous les âges et niveaux d’études.