Ecologie

Préférer le réemploi au recyclage

Le message était inattendu, au cœur d'un événement organisé par Federec, qui réunit les professionnels du recyclage : mieux vaut réemployer des produits qu'en faire des déchets, fussent-ils recyclés...

© Adobe Stock
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Éloge du réemploi. Le 18 mars, à l'occasion de la journée mondiale du recyclage, Federec, fédération professionnelle des entreprises du recyclage, organisait un colloque à Paris. Mais une table ronde consacrée aux « atouts du recyclage pour faire face aux défis industriels » a été l'occasion d'un véritable plaidoyer en faveur du réemploi. Ce dernier et le recyclage constituent, en effet, deux voies distinctes et complémentaires pour économiser les ressources naturelles.

Invité à témoigner, Julien Maranon dirige EcoMicro, entreprise fondée en 1996, qui assure les deux activités, « reconditionneur » et « recycleur » de DEEE, déchets d'équipements électriques et électroniques. « Nous sommes une entreprise de l'économie circulaire. Nous effectuons un tri et, lorsque c'est possible, nous orientons les produits vers la réparation, vers une seconde vie. Pour sortir du statut du déchet et requalifier un produit qui pourra être réutilisé, il faut de vrais process industriels qui se basent sur l'ultra-qualité. Cela implique des tests, des diagnostics, des changements de composants... », explique-t-il. Le process commence même bien en amont, avec un premier métier de « déménageur », témoigne le chef d'entreprise. Il s'agit, en effet, de traiter avec le plus de soin possible les PC portables ou les serveurs collectés dans les entreprises, pour les rapatrier dans les locaux d'EcoMicro.

Durer encore quelques années...

Lors du tri, lorsque les DEEE sont destinés à le rester, s' il n'existe plus de marché ou si l'état de l'appareil ne le consent pas, « nous déconstruisons, nous dépolluons, nous nous assurons d'avoir l'impact le plus faible sur l'environnement », explique Julien Maranon. Mais la voie du réemploi reste celle sur laquelle il s'exprime le plus volontiers, qui correspond le mieux à ses idéaux sociétaux- dons d'ordinateurs à des associations, par exemple- et écologiques. « En plaçant un équipement dans les mains d'un utilisateur, on évite l'achat d'un neuf », rappelle le dirigeant.

Or, dans le domaine du numérique, 78% de l'impact environnemental sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'un produit est lié à sa fabrication. « Allonger la durée de vie de ces produits constitue donc un enjeu très fort », confirme Raphaël Guastavi, directeur adjoint « Économie circulaire » de l'Ademe, Agence de la transition écologique. L'utilisation des produits reconditionnés s'avère extrêmement vertueuse sur le plan environnemental. Par exemple, acheter un téléphone mobile reconditionné plutôt que s’équiper d’un neuf revient à prévenir l’extraction de 76,9 kg de matières premières et l’émission de 24,6 kg de GES, par année d’utilisation. Et acheter un ordinateur portable reconditionné plutôt qu’un neuf permet d’éviter l’extraction de 127 kg de matières premières et l’émission de 27 kg de GES, par année d’utilisation, selon l'étude « Évaluation de l'impact environnemental d'un ensemble de produits reconditionnés » (Ademe 2022) .