Siemens-Gamesa : l’usine du Havre, un enjeu stratégique

Crédit : Benoit Delabre – Aletheia Press,
Siemens-Gamesa doit déjà produire environ 300 éoliennes pour 5 projets off-shore français, dont 3 normands.
Crédit : Benoit Delabre – Aletheia Press, Siemens-Gamesa doit déjà produire environ 300 éoliennes pour 5 projets off-shore français, dont 3 normands.

Le site du Havre se veut un argument supplémentaire pour le constructeur éolien, qui mise fortement sur l’off-shore dans les deux ans avec l’ouverture d’un site a production quasi-complète.

Réunir sur un même site industriel tous les éléments de production et la logistique de développement. Voilà l’ambitieux projet lancé par Siemens-Gamesa qui ouvrira en 2021 sur le port du Havre son usine de construction d’éoliennes. Entièrement dédiée à l’éolien marin, cette usine pourrait devenir un nouvel atout important pour le constructeur. L’usine établie sur un site de 36 ha construira sur le même site les pâles, les nacelles et les génératrices. Seuls les mâts seront produits par un sous-traitant. En pratiquant de la sorte sur un seul site, Siemens-Gamesa espère gagner de l’espace, tout en réalisant des économies d’échelles.

Produire des éoliennes en France.

Cette usine qui comptera environ 750 salariés, a notamment pour vocation de fournir en éoliennes plusieurs grands projets dont 3 normands et dont Siemens-Gamesa Renewable Energy (SGRE) a obtenu le marché. Il s’agit des parcs éoliens de Dieppe-Le Tréport, Saint-Brieuc et Noirmoutiers, et des projets portés par Enedis de Fécamp et de Courseulles-sur-Mer. Au total ce sont 2,5 GW qui sont ainsi en projet, soit environ 300 éoliennes. Mais la position havraise ouvre aussi de nouvelles opportunités à Siemens-Gamesa. Outre l’appel à projets en cours au large de Dunkerque, un 4ème projet d’éolien en mer normand d’1 GW vient en effet d’être mis à l’étude. Et il sera d’emblée soumis à un débat public. Dans ces conditions, la construction en local des éoliennes pourraient s’avérer être un argument favorable. Surtout lorsque l’on sait que les opposants au développement éolien pointent régulièrement l’origine étrangère des machines. « Pour nous, c’est un atout pour se positionner sur l’éolien en mer, qui sort de ses frontières naturelles », explique Cédric Turnaco, Responsable communication chez Siemens-Gamesa France. Nous allons démontrer que l’on peut produire des éoliennes en France à des coûts compétitifs. »

Un potentiel énorme et peu exploité.

Cette usine n’est destinée qu’à produire des éoliennes marines, et non terrestres. Et même si Siemens-Gamesa ne délaisse pas le marché on-shore, elle voit dans l’off-shore une opportunité colossale. « Le potentiel est énorme et que faiblement exploité pour l’instant, souligne Cédric Turnaco. Avec des machines de plus en plus efficaces, cela pourrait être la 1ère énergie en Europe d’ici 2050. » Un marché auquel SGRE compte prendre sa part en mettant en avant son expertise logistique, primordiale dans la construction et la maintenance d’éoliennes off-shore.
Deux modèles seront construits au Havre : la SWT-7.0-154 (produisant 7 MW et faisant 154 m de hauteur de mât) et la SWT-8.0-167. Mais elle est d’ores et déjà en mesure d’évoluer pour produire la génération suivante : la SWT 10.0-193. L’usine en elle-même sera totalement financée par SGRE. En parallèle, le Grand Port Maritime du Havre et ses partenaires investissent également quelques 147 millions pour l’aménagement de la zone et des quais.