Spiragaine veut rendre les avions plus légers

La PME familiale installée à Saint-Pierre-lès-Elbeuf a beau avoir 70 ans, elle veut garder un temps d’avance. Son dernier projet en date : alléger les tuyauteries utilisées en aviation.

L’entreprise a travaillé durant 7 mois à diminuer, jusqu’à 30 %, le poids des liaisons souples utilisées pour le conditionnement d’air dans l’aéronautique. (© Pixabay)
L’entreprise a travaillé durant 7 mois à diminuer, jusqu’à 30 %, le poids des liaisons souples utilisées pour le conditionnement d’air dans l’aéronautique. (© Pixabay)

Installée à Saint-Pierre-Lès-Elbeuf, la PME familiale Spiragaine conçoit, qualifie et fabrique des liaisons souples, isolées ou non, depuis plus de 70 ans. « Aujourd’hui, nous sommes deux personnes à la tête de la société, Rodolphe Chefson, le petit-fils du fondateur, et moi-même » explique Hervé Onno, co-directeur de Spiragaine. Forte de 43 collaborateurs, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel de 3,5 millions d’euros.

Aéronautique et décarbonation

Tuyauteries, durites, manchons, manchettes souples sont ainsi conçus dans le bureau d’étude et fabriqués dans les ateliers, en petites et moyennes séries. « Nous travaillons dans les secteurs d’activité de l’aéronautique, avec des clients tels que Airbus helicopters, Dassault, Safran… détaille Hervé Onno. Nous sommes aussi dans le spatial, avec Ariane group, Thales ». L’entreprise est également active dans les secteurs militaire, ferroviaire et nucléaire. « Si nous sommes présents dans de nombreux domaines, l’aéronautique-spatial-défense se démarque en terme en volume d’affaires », souligne le responsable.

Et c’est plus particulièrement dans l’aéronautique que Spiragaine travaille sur une innovation « de poids ». « Nous avons trois domaines de compétences : environmental control system (ECS), fuel system, asservissement piste. En ce qui concerne l’asservissement piste, nous réalisons toutes les tuyauteries qui sont sous l’avion, au niveau des tarmacs. Elles servent à apporter du conditionnement d’air lorsque l’appareil est au sol », précise, en préambule, le responsable de l’entreprise, adhérente du réseau NAE (Normandie AeroEspace).

Lorsque NAE a lancé un projet d’expérimentation autour de la décarbonation, Spiragaine s’est naturellement associé à la démarche. « Il s’agit de diminuer la consommation des avions et il faut donc alléger les structures. Dans ce cadre, nous avons mis au point une tuyauterie de conditionnement d’air plus légère. Nous allons jusqu’à des gains de masse de 30 %, à isoperformances ». Une prouesse technique qui peut réellement faire la différence sur un avion, « Cela peut représenter quelques kilogrammes en moins. Dans l’aéronautique, on chasse le gramme ».

Garder le cap

Un projet qui a demandé sept mois de travail. « Nous sommes actuellement à la fin de la phase de qualification », poursuit le responsable. La prochaine étape consistera à présenter cette innovation. « Nous commençons à en parler et nous sentons un réel intérêt de nos interlocuteurs » se réjouit Hervé Onno. Face à une envolée des prix des carburants, et les critiques portées sur l’impact environnemental des vols, les avionneurs devraient être séduits.

Les turbulences que traverse l’aéronautique, moins fortes « pour l’aviation d’affaire et d’hélicoptère », nuance Hervé Onno, ne modifient pas la trajectoire de l’entreprise. « Nous avons pris la décision de nourrir notre modèle économique et de ne pas entamer un virage vers une diversification ». Pas de quoi, non plus, perturber le projet de digitalisation et de robotisation entamé en 2020 qui devrait aboutir courant 2022, début 2023. Dans le cadre de l’industrie du futur, Spiragaine a été retenu et fait donc partie de la french Fab.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont