Un tiers des cadres envisagent une reconversion

La dernière enquête de l’Association Pour l'Emploi des Cadres (Apec) montre que si ces derniers sont un sur trois à envisager une reconversion professionnelle, en réalité moins d’un sur dix passe à l’action. Etat des lieux sur la réalité des reconversions chez les cadres.

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Reconversion professionnelle : les cadres sont tentés, d’autant plus après la crise Covid, oui, mais… pas si facile ?! Pour Gilles Gateau, directeur général de l'Apec, « Les envies de changement des cadres ont été boostées ces dernières années, à la faveur d’une crise sanitaire propice à l’introspection. Symptôme de ces nouvelles aspirations, la reconversion professionnelle répond à plusieurs problématiques, comme la gestion de carrière ou encore la relation au travail et à l’entreprise, voire l’insatisfaction professionnelle ou le désengagement ». La crise sanitaire ayant favorisé les périodes de réflexion et les attentes, 31 % des cadres indiquent avoir un projet de reconversion pour changer de métier. Une intention qui est, logiquement, plus fréquente chez les chômeurs (60%) et les moins de 35 ans (45%). Dans les faits pourtant, seule une minorité d’entre eux ont réellement franchit le pas avec moins d’un sur dix (8%) qui est passé à l’action. C’est ce que révèle la dernière étude de l’Association pour l'emploi des cadres* ,réalisée en juin 2022 et dévoilée en fin d’année. A noter que la reconversion professionnelle retenue pour cette étude est un « changement de métier », soit « une rupture majeure dans le champ des compétences utilisées dans le cadre du nouveau métier envisagé pour la reconversion ».

Des moteurs variés

Si le point de départ de ces projets de reconversion des cadres est « plus généralement une situation d’insatisfaction au travail », et notamment une « insatisfaction face aux réalités concrètes de leur poste ou de leur entreprise », les projets répondent également à des motivations diverses, liées ou non à des changements dans leur vie privée : 37% ont la volonté de faire un métier qui a plus de sens pour eux ou pour la société et correspondant à leurs valeurs, 35% souhaitent de meilleures conditions de travail, 34% car ils ressentent de « l’ennui, une lassitude dans leur métier actuel ». Soit l’envie d’« un second souffle » et la nécessité de donner une nouvelle dynamique à leur carrière. Seuls 30% confient être attirés « par un nouveau métier, un métier différent », et un cadre sur quatre souhaite « de meilleures perspectives de carrière et de rémunération », soit « le désir de promotion sociale avec la recherche d’une ascension professionnelle et sociale et la volonté d’obtenir un meilleur statut et plus de responsabilités », note l’Apec. A noter toutefois que la plupart des changements de métier se font « sans changement radical ». Ainsi, « dans plus de six cas sur 10, le choix s’oriente vers un poste proche de leur métier actuel ». Seuls 15 % optent pour un métier totalement différent. Ces derniers souhaitant rompre avec leur situation présente en changeant d’abord de secteur d’activité (82 %), de région (54 %) ou en se mettant à leur propre compte (56 %).

Des sacrifices en nombre

En cause, notamment, la difficulté de l’exercice : 56% des cadres perçoivent la reconversion professionnelle comme une démarche « difficile ». Une crainte d’autant plus grande pour ceux qui n’ont pas entamé de démarches concrètes. Plus particulièrement, ils appréhendent le fait de pouvoir « juger de la viabilité de leur projet en début de parcours » (46 %) ou « leur capacité à convaincre les différents interlocuteurs qu’ils auront à rencontrer » (54 %), que ce soit pour obtenir un poste ou dans le cadre d’une création d’entreprise.

Par ailleurs, ils mesurent les sacrifices qu’il leur faudra consentir : dans le cadre d’une reconversion, quatre cadres sur 10 sont prêts à accepter une rémunération plus faible (42%) ou des horaires plus importants (41 %), voire à renoncer à certains avantages comme le statut de cadre (50 %), un poste à responsabilités (63 %) ou des fonctions managériales (66 %). Néanmoins, ils identifient encore de nombreux freins qu’ils doivent surmonter, comme la peur de se tromper (34%), le sentiment de ne pas avoir les moyens financiers (28%) ou la crainte d’avoir de moins bonnes perspectives de carrière (27%). En revanche, ils redoutent moins le transfert ou l’acquisition de nouvelles compétences qui sont jugés nécessaires. « Ayant conscience du besoin de formation, ils y sont généralement ouverts pour une durée comprise entre six et douze mois », explique l’Apec.

*Enquête qualitative réalisée en mai 2022 auprès de plusieurs publics en coopération avec le Credoc et enquête en ligne réalisée par l’Apec en juin 2022, auprès d’un échantillon de 2 000 cadres salariés du secteur privé.

Charlotte DE SAINTIGNON