Une entrepreneuse qui repousse les barrières

Crédit photo LB, Aletheia Press. « J’ai offert une promotion à une collaboratrice après son congé maternité. A mes yeux, la vie privée n’a pas d’incidence les évolutions professionnelles », explique Laurence Benissan à Jérôme Filippini, préfet de l’Eure. ».
Crédit photo LB, Aletheia Press. « J’ai offert une promotion à une collaboratrice après son congé maternité. A mes yeux, la vie privée n’a pas d’incidence les évolutions professionnelles », explique Laurence Benissan à Jérôme Filippini, préfet de l’Eure. ».

Ce 9 mars, Laurence Benissan a ouvert les portes de son entreprise ébroïcienne IDD-Xpert à la demande de Jérôme Filippini, préfet de l’Eure. Une visite qui exemplifie la condition des femmes entrepreneuse.

« A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous voulions marquer le coup mais pas d’une façon gadgétisée, explique Jérôme Filippini. Je voulais mettre à l’honneur une cheffe d’entreprise qui montre qu’il est possible de repousser les barrières. » Ce centre d’innovation, de recherche et de développement pour les produits de santé, créé en 2012, est un bel exemple de réussite féminine. « Les grands groupes pharmaceutiques sous-traitent de plus en plus la recherche et développement. Nous nous intéressons à des niches pour lesquelles il y a une forte valeur ajoutée à notre travail » précise la responsable à l’heure de présenter son activité. Ainsi, IDD-Xpert est spécialisé dans l’analyse de la caractérisation des poudres, l’analyse de principes actifs et la fabrication de petites séries cliniques.

500 000 euros collectés.

Repousser les barrières, Laurence Benissan a un don pour le faire avec enthousiasme et énergie. Ne comptez pas sur elle pour se plaindre : « Tous mes malheurs, au final, n’ont été que du bonheur » se plait-elle à résumer en riant. Pourtant, elle a vécu deux licenciements. En 2009, GSK ferme le service R&D ébroïcien dans lequel elle travaille. Elle est ensuite employée par IDD-Tech, spécialisé dans le développement pharmaceutique, près de Lyon, qui a repris les laboratoires de GSK. « Douze anciens collègues ont aussi été embauchés pour travailler à Evreux » explique la cheffe d’entreprise. Mais IDD-Tech dépose le bilan en 2011. Laurence Benissan décide alors de reprendre l’activité du site eurois. « Je suis allée au tribunal de commerce pour racheter le nom IDD. Il me fallait rapidement des fonds, un bâtiment et du personnel. L’équipe, je l’avais, mes collègues étaient prêts à me suivre ». GSK accorde un bail d’une année. La construction est la solution la plus adaptée pour la suite. « Je ne disposais que de douze mois… » Le pari, complètement fou, sera pourtant relevé. « J’avais besoin de 500 000 euros pour le bâtiment et la trésorerie, j’ai organisé une levée de fonds, en garantissant un remboursement au bout d’un an ». L’argent collecté est remboursé, le bâtiment sort de terre dans les délais impartis.

Tenir ses engagements.

S’il y a bien quelque chose d’essentiel pour Laurence Benissan, c’est de tenir ses engagements. Un principe sur lequel elle a construit sa réussite. « Cela a aussi des avantages d’être une femme, souligne-elle. Mes plus beaux contrats, je les ai décrochés parce qu’on ne m’a pas vue venir sous mon apparence douce. J’ai accepté des montants légèrement inférieurs à ce qui se pratique en négociant des primes conséquentes si nous tenions les délais, ce que nous avons fait. »

Aujourd’hui ID- Xpert compte une quarantaine de collaborateurs, a des clients dans le monde entier. L’entreprise se doit donc de respecter les normes des pays avec lesquels elle travaille. « En ayant maitrisé la construction du bâtiment, ce n’est pas un problème de nous adapter. Encore une fois, une contrainte s’est avérée être un atout par la suite » constate simplement l’executive woman résolument positive.