Vagues de chaleur : des régions de plus en plus exposées

Conséquence du dérèglement climatique, le nombre des journées et des nuits «anormalement chaudes» devrait se multiplier sur l’ensemble de l’Hexagone. Les fortes chaleurs mettront la population à l’épreuve, en particulier en Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie.

Copyright : Pixabay
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Les pics de chaleurs de cet été 2022, prolongés même début septembre, donnent un avant- goût de ce qui nous attend d’ici à 2050. Au cours des 30 années à venir, plus de 80% des Français subiront entre 16 et 29 journées «anormalement chaudes», lors des mois de juin à août, contre 16 journées au cours des années 1976-2005. Ce constat fait suite à une récente étude de l’Insee menée en partenariat avec Météo France. « Une journée ou une nuit ‘anormalement chaude’ ne constitue pas en soi un phénomène à risque. Toutefois, leur multiplication et leur succession se traduisent par la survenue d’épisodes critiques de canicule », explique l’étude.

D’après les résultats dévoilés, dans les prochaines années, 9,3 millions de personnes, soit un Français sur sept connaîtra plus de 20 journées par été avec des anomalies de chaleur, tandis que 65% des habitants seront concernés par 16 à 20 jours. Les températures nocturnes seront aussi hors normes : certains territoires vivront jusqu’à 19 nuits «anormalement chaudes», alors que le maximum était de sept sur la période 1976-2005.

Des régions et des professions plus touchées que d’autres

Certaines régions métropolitaines seront plus touchées par ce réchauffement climatique que d’autres. Les plus concernées : la Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie, où respectivement 68%, 47% et 20% des résidents seront impactés les mois d’été. Les populations des zones littorales, comme la Bretagne, la Corse, la Normandie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur, seront assez épargnées. Exception, « le littoral méditerranéen subira des nuits tropicales bien plus fréquemment que les autres littoraux », annonce l’Insee.

Les anomalies de chaleur seront moins fréquentes, mais davantage ressenties en Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire. Même dans certains espaces de basse montagne ( moins de 1 000 mètres d’altitude), on pourrait constater plus d’une vingtaine de journées «anormalement chaudes» à l’horizon 2050. Le Massif central, le Jura, les Vosges et une partie des Alpes seront soumis à plus de 11 nuits de chaleur anormale. Et « dans les espaces les plus densément peuplés, l’effet des îlots de chaleur urbains viendra aggraver celui des fortes chaleurs », alerte l’Insee.

Quant aux conséquences, plusieurs métiers dont l’activité s’exerce en extérieur, comme ceux de la construction et l’agriculture, devront s’adapter pour leurs employés confrontés à des conditions de travail difficiles lorsque les températures grimpent au-delà de la normale. Dans les trois régions les plus concernées par de fortes chaleurs d’ici 2050, 462 000 emplois relèvaient de la construction en 2020 et 193 000 personnes travaillaient dans l’agriculture, précise l’Insee.

L’adaptation à ces changements climatiques représente aussi un enjeu de taille pour le secteur du tourisme. L’institut de statistique prévient, notamment, que ces vagues de chaleur peuvent avoir des conséquences sur la fréquentation touristique dans certains territoires ou certains types d’hébergement. « C’est ainsi que depuis 2011, les nuitées touristiques dans l’hôtellerie de plein air augmentent plus fortement dans les départements littoraux au nord de la Vendée, que dans les départements méditerranéens ».

Les plus vulnérables particulièrement impactés

Plus fragilisées sur leur santé, les personnes les plus vulnérables subiront davantage les effets de ces vagues de chaleur, notamment les plus âgés. Les jeunes enfants (de moins de 6 ans) constituent la seconde population à risque : ils sont 400 000 à résider dans une des régions qui seront les plus touchées par ces anomalies climatiques. Ici, l’Insee souligne la question de l’adaptation thermique des établissements scolaires.

Les Français les plus précaires sont aussi plus particulièrement exposés aux futures montées brutales du mercure, en raison de leurs conditions de logement. Environ 20% d’entre eux résident dans des «passoires thermiques», chiffre l’Insee et ils «sont moins nombreux à engager des dépenses de rénovation energétique». En outre, les territoires les plus affectés concentrent près de 1,2 million de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté.

AÏcha BAGHDAD et B.L