Yetic développe un « score éthique » des entreprises
En mai, la start-up rouennaise, actuellement en levée de fonds, lancera un add on aux navigateurs web qui donnera une note éthique aux annonceurs. Un moyen d’informer les consommateurs et de lutter contre le « washing ».
Et si le green-washing (et tous les autres washing) avait du souci à se faire ? C’est en tout cas le défi que s’est lancé Fabrice Bonnet, CEO de la start-up Rouennaise Yetic, actuellement en cours de levée de fonds. L’entreprise va lancer dans quelques semaines un système de notation « éthique » des entreprises. Fabrice Bonnet, aussi connu pour être le fondateur de Smart Panda Network, n’est pas un inconnu dans le domaine la publicité en Normandie. « Je travaille dans la communication et le marketing depuis toujours, sourit-il. Mais, un jour, j’ai pris conscience que dans la grande partie de chasse de la surconsommation, dans laquelle les distributeurs et les entreprises tirent à vue, j’étais celui qui fournissait les balles… »
Des clients sélectionnés pour leur éthique
Alors Fabrice Bonnet a décidé de réorienter sa créativité et celle de ses collaborateurs au service d’entreprises, qui, à ses yeux, en valent la peine. « Je veux fournir des outils à des annonceurs qui cherchent à changer les choses, qui offrent un service durable et utile. » Au menu donc, performance environnementale et sociale.
Depuis plusieurs mois maintenant, la start-up, créée en décembre 2021, propose ainsi une solution « B to B » : Yetic Add Manager. Une plateforme de communication publicitaire depuis laquelle les entreprises peuvent-elles même travailler la diffusion de leurs annonces, en s’appuyant sur les agences de communication (dont Zig Zag, l’agence rouennaise que dirige Fabrice Bonnet). « Je suis convaincu que les agences de communication peuvent reprendre la main sur le marketing digital, en apportant de la stratégie et de la créativité. » La plateforme, branchée sur Google et sur LinkedIn, se targue de choisir minutieusement ses clients, via un comité d’éthique, pour s’assurer de la qualité éthique des produits, et qui donne à l’annonceur une vue de l’impact réel de la campagne publicitaire en équivalents carbone.
Informer les consommateurs grâce à l’IA
Commercialisée depuis quelques mois, cette solution B to B génère 50k€ de chiffre d’affaires. Cela en fait le fer de lance d’un grand projet en cours de développement : un add-on aux navigateurs web capable de donner en temps réel la notation éthique de l’entreprise qui vend ses produits. « Le score éthique de l’annonceur est construit par une intelligence artificielle qui s’appuie sur une multitude de sources pré-identifiées, dont la presse, poursuit le fondateur. Il intègre un impact environnemental, financier et social et chaque utilisateur peut gérer ses préférences éthiques. Attention, on ne juge ni la publicité, ni le produit, mais bien l’entreprise. »
Les dévastateurs de milieux naturels ou les employeurs de mineurs (ou d’esclaves) vont ainsi passer au rouge, de manière très visuelle. A chaque consommateur ensuite de faire son choix en toute connaissance de cause. « Beaucoup de consommateurs veulent bien faire, mais ne savent pas… par exemple que telle entreprise fait travailler des enfants. Grâce à internet, aujourd’hui il n’y a plus de dichotomie entre notre éthique et notre acte de consommation. »
La version béta de cet add-on pourrait être livrée en mai. L’objectif, ensuite, n’est ni plus ni moins de conquérir l’Europe. Une levée de fonds de 800 000 € est en cours dans cet objectif. « Nous avons un projet ambitieux. Nous cherchons des partenaires sérieux et motivés. Nous sommes une entreprise à raison d’être ». Et nous souhaitons devenir une entreprise à mission. Et nous ne voulons pas faire entrer le loup dans la bergerie » conclut Fabrice Bonnet.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre