Cultures indoor : UniLaSalle se dote d'un nouveau centre de recherche

À Mont-Saint-Aignan, UniLaSalle dispose d'un nouvel outil de recherche pour répondre, notamment, à de nouveaux besoins de l'industrie.

La Centella ou herbe du tigre, utilisée en médecine chinoise, est à l'étude dans cette chambre de l'Indoor farming research center. (© Aletheia Press / B.Delabre)
La Centella ou herbe du tigre, utilisée en médecine chinoise, est à l'étude dans cette chambre de l'Indoor farming research center. (© Aletheia Press / B.Delabre)

L'école d'ingénieurs UniLaSalle de Rouen a inauguré le 22 septembre un nouvel outil de recherche : l'Indoor Farming Research Center. Avec autant de mots anglais, on imagine aisément que l'on parle de haute technologie... À juste titre. D'ailleurs Philippe Choquet, le directeur général du groupe UniLaSalle ne dit pas autre chose : « C'est un outil technologique qui nous fait basculer vers l'avenir. Cette plateforme va nous permettre d'investiguer les champs possibles pour l'agriculture ».

Ce centre de recherche de 165 m2 se compose de trois chambres de culture aquaponique indoor en pièce totalement fermée, et dont tous les paramètres d'ambiance sont contrôlables. On peut ainsi y gérer la luminosité et l'hygrométrie, à la virgule près. Quant aux plantes, elles sont alimentées par de l'eau dont le pH, la conductivité et les éléments nutritifs sont également contrôlés et modulables. Les enseignants-chercheurs d'UniLaSalle et leurs équipes pourront ainsi mieux connaître le fonctionnement des plantes et leurs réactions à différents stress.

Agroalimentaire, pharmacologie et cosmétique

Bien sûr, les sujets agricoles purs et durs y seront étudiés, mais ce sont de nouvelles cultures et de nouveaux débouchés qu'UniLaSalle compte explorer avec ce centre de recherche. La cosmétique ou la pharmacologie sont par exemple ciblées, ainsi que les marchés des épices ou des arômes… Disposer de muguet toute l'année pour la parfumerie, par exemple, présente un intérêt industriel évident, mais c'est aussi un moyen de mieux maîtriser l'origine et la qualité des produits. « Beaucoup d'entreprises ont le souci de relocaliser leur production et de mieux maîtriser leur chaîne d'approvisionnement », commente Philippe Choquet.

Michael Mitterrand (Jungle), Mébarek Temagoult (ingénieur à UniLaSalle) et Claude Saint-Jore-Dupas (chercheuse à UniLaSalle) devant les cultures hydroponiques de Vanille et de Centella. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Quant à l'industrie pharmaceutique ou la cosmétique, ils espèrent aussi pouvoir produire plus massivement et régulièrement certaines de leurs molécules. « Dans la nature,certaines plantes produisent des molécules actives qui peuvent intéresser l'industrie, explique Claude Saint-Jore-Dupas, chargée de recherche titulaire de la chaire ''Culture indoor et résiliences''. Mais elles les produisent parce qu'elles subissent des stress. Avec notre outil, nous pourrons déterminer quels sont les stress (positifs ou négatifs, ndlr) à appliquer pour produire ces molécules. »

Demain "moléculiculteur" ?

Près de 810 000 € ont été mis sur la table pour financer cet outil (murs et matériel), dont 50 % sont financés par le FEDER (fonds européen de développement régional), et 35 % par la Région Normandie. Les équipes de recherches seront quant à elles financées par les partenariats avec des tiers commanditaires.

Parmi eux, l'entreprise axonaise Jungle, basée à Château-Thierry, qui a d'ores et déjà sollicité les chercheurs d'UniLaSalle, sur une période 4 ans. « Nous avons nos propres chambres de recherche et développement, commente Michael Mitterand, responsable R&D chez Jungle. Ici, cela nous fait des espaces de plus, mais surtout avec des équipes dédiées. » Les progrès scientifiques devraient suivre. Et certains l'imaginent déjà, peut-être verrons nous demain, nos agriculteurs devenir « moléculiculteurs »...