Le gouvernement et les entreprises face à l'urgence du pouvoir d'achat

Préoccupation majeure des Français, le pouvoir d'achat mobilise le gouvernement. Il devrait proposer un projet de loi dès que possible et entend aussi mobiliser les entreprises. Mais les solutions pressenties par l'équipe d’Élisabeth Borne sont loin de faire l'unanimité dans le monde économique.

Copyright : Pixabay
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C'est l'une des trois urgences auxquelles doit faire face le gouvernement : le 27 mai, Élisabeth Borne, Première ministre, l'a confirmé : le problème du pouvoir d'achat donnera lieu à des mesures qui devront concerner toute la population, retraités, salariés, indépendants, agents publics et, avec « une attention particulière » les étudiants. Un projet de loi devrait être envisagé, dès la reprise des travaux parlementaires après les élections législatives qui s'achèvent le 19 juin.

Parmi les mesures possibles figurent des chèques alimentaires et la réindexation des retraites et des minimas sociaux... En outre, le texte devrait contenir des mesures destinées à contrer la hausse des prix de l'énergie. Le projet de loi « vise précisément à prolonger (le) bouclier tarifaire », a promis Élisabeth Borne, lors d'une rencontre avec des chefs d'entreprise, d'associations et des élus à Condé-en-Normandie (Calvados), d'après l'AFP du 27 mai. Quelques jours auparavant, le 23 mai, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a reçu plusieurs organisations patronales, en préalable à l'écriture du projet de loi. « Le retour de l'inflation est une source d'inquiétude pour nos compatriotes. Mais le fardeau de la réponse à cette crainte doit être équitablement partagé, cela ne peut pas reposer seulement sur l’État qui continuera à agir », a prévenu le ministre en ouverture de cette rencontre, rapportent Les Échos du 23 mai.

D'après le quotidien économique, les organisations patronales ont réagi avec « prudence » à cet appel et aux possibles mesures prévues par la loi. Le Medef, en particulier, s'est déclaré « préoccupé » des « signaux qui vont renforcer l'inflation », avec la revalorisation des retraites et des minima sociaux, ainsi que du point d'indice de le fonction publique. Quant au président de la CPME, François Asselin, il a prévenu le jour même sur France Info qu' « il n'y aura pas de hausse de salaires uniforme » dans les PME. En effet, toutes ne disposent pas des mêmes marges. Quant à la prime Macron que souhaite encourager le gouvernement, « certaines entreprises pourront distribuer une prime importante et malheureusement certaines ne pourront pas », a expliqué François Asselin. Pour la CPME, c'est plutôt la piste des heures supplémentaires, dont le coût pourrait être abaissé pour les employeurs, que le gouvernement devrait emprunter.

Dans tous les cas, l'urgence est là : le contexte économique se fait de plus en plus préoccupant. Au premier trimestre, l'économie française s'est contractée de 0,2%, d'après l'Insee, qui a révisé ses prévisions à la baisse. Dans le même sens, la consommation des ménages a diminué (-1,5%, contre -1,3% estimé précédemment), sous l'effet de l'inflation qui ne cesse d'accélérer et grève leur pouvoir d’achat. Elle est passée de 4,8% en avril à 5,2% en mai.