Le lait bio normand peine à trouver des débouchés

La Normandie est la quatrième région productrice de lait biologique. La filière est aujourd’hui confrontée à une déstabilisation du marché.

Le lait biologique représente aujourd’hui 5 % de la collecte nationale. (Photo Aletheia Press  / B. Delabre)
Le lait biologique représente aujourd’hui 5 % de la collecte nationale. (Photo Aletheia Press / B. Delabre)

C’est un effet inattendu de la crise sanitaire dont les producteurs de lait bio normands se seraient bien passé. Ce marché particulièrement dynamique au niveau national a connu un léger ralentissement en 2019. Un phénomène que le coronavirus a malheureusement accentué en déstabilisant le marché.

Si les confinements ont incité temporairement les consommateurs à acheter bio, cela n’a pas compensé les impacts négatifs liés à la fermeture de la restauration hors domicile et la hausse des coûts des matières premières, qui ont fait flamber les prix. Autre phénomène pointé du doigt : l’ultra segmentation du lait de consommation (lait de pâturage, lait de foin…) qui a, semble-t-il, détourné le consommateur du bio.

Des ventes en diminution

Ainsi, pour la première fois, les ventes en bio ont diminué en 2021 : -12% pour le beurre, -7% pour le lait, selon l'institut d'études IRI. Et ce, alors même que les bonnes conditions météo du printemps 2021 ont stimulé la production et que les conversions se poursuivent.

Au premier semestre 2021, c’est ainsi une hausse de 11 % de la production nationale de lait bio que les collecteurs, qui ont longtemps encouragé les conversions, n’ont pas toujours été en mesure d’absorber. Lactalis a annoncé avoir dû vendre 30% de lait bio au prix conventionnel en 2021, tout en compensant cette chute de prix auprès des éleveurs. De son côté, Sodiaal, dès l’été dernier, a décidé de réorienter, pour une durée de 12 mois, 10 % des volumes de lait bio vers la filière non OGM. Ce qui se traduit par une baisse de revenus pour les producteurs. Les collecteurs appellent à une diminution des volumes produits et à stopper les conversions.

La loi Egalim, un espoir

De quoi impacter le bassin normand, quatrième région productrice, qui représentait, en 2019, près de 118 millions de litres de lait de vache biologique (+ 21 % par rapport à 2018) et 366 élevages regroupant 15 % de l’effectif national de vaches laitières certifiées bio. Pour autant, il reste pour l’instant difficile de prédire les conséquences sur la filière à moyen terme. En attendant, le nombre de « déconversions », toutes productions confondues, reste stable, de l’ordre de 4 % au niveau national selon l’Agence bio.

« Ce n’est pas la première fois que la croissance du secteur laitier bio montre un déséquilibre en défaveur de la production, qui s’était précédemment résorbé en quelques mois, suivi d’une période de manque de lait bio » notent les chambres d’agriculture de Normandie, sur leur site. La profession espère que la loi Egalim, offre de nouveaux débouchés. En effet, depuis le 1er janvier, elle impose à la restauration collective publique de proposer au moins 50% de produits durables et de qualité dont au moins 20% de produits bio. Les comptes seront faits en fin d'année.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont