Conjoncture

Le nombre de défaillances d’entreprises retrouve son niveau d’avant 2019

Selon l’étude Altares sur la situation des entreprises en France au troisième trimestre 2023, le nombre de défaillances est au plus haut depuis 2018. Mais la hausse observée depuis début 2022 a enregistré un net ralentissement et, sur an, le niveau se rapproche de celui d’avant la crise sanitaire.

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Avec près de 11 000 procédures ouvertes de juillet à fin septembre 2023, le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté de 23 % par rapport à la même période en 2022, soit un nombre proche du niveau record enregistré au cours de l’été 2018 (11 563). Mais sur 12 mois glissés, le nombre d’entreprises défaillantes (53 000) a retrouvé son niveau de l’automne 2019.

Surtout, la décélération du nombre de défaillances d’entreprise, amorcée cet été, s’est confirmée. Alors qu’en 2021 les défauts d’entreprises étaient au plus bas depuis 35 ans, le nombre de défaillances a explosé depuis début 2022, de 47 % en moyenne chaque trimestre. Or, la hausse n’a été que de 23% ce troisième trimestre. Une décélération qui, selon l’institut d’études Altares, devrait se poursuivre cet hiver.

72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires

Après avoir bondi de plus de 70 % au cours de l’été 2022, le nombre de liquidations judiciaires (7 883) n’a augmenté que de 19 % de juillet à septembre, soit un niveau proche de celui enregistré au cours de l’été 2016. « 72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires, un taux très élevé qui confirme la grande faiblesse financière dans laquelle se trouvent ces entreprises », souligne Thierry Millon, directeur des études Altares. « Ce taux de liquidation, inversement proportionnel à la taille de l’entreprise, grimpe à plus de 75 % chez les plus petites structures et descend à 10 % pour les plus grandes. » Plus des trois quarts des entreprises liquidées comptent moins de trois salariés.

Le quart des procédures ouvertes ce troisième trimestre sont des redressements judiciaires (2 818). Leur nombre reste inférieur à celui enregistré à la même époque avant la crise sanitaire, mais cette procédure est néanmoins plus fréquente (+ 34% sur le trimestre). Enfin, 278 procédures de sauvegardes ont été obtenues sur ce trimestre, soit 2,5% de l’ensemble des défaillances.

Les défaillances de TPE restent les plus nombreuses

Avec 10 080 procédures ouvertes, les TPE représentent 92 % du total des défaillances, et 15 500 emplois menacés. Plus fragiles, les très jeunes entreprises de moins de trois ans en difficulté sont plus souvent directement liquidées (81%). Contrairement aux jeunes entreprises (entre cinq et trois ans) qui résistent mieux et ont de meilleures perspectives de rebond (redressements judiciaires en hausse de 24 % sur le trimestre).

La situation des PME et ETI continue de se dégrader

Les défaillances de PME-ETI augmentent plus vite que celles des TPE. Près de 900 PME-ETI ont fait défaut au cours de ce troisième trimestre, soit 32 % de plus qu’il y a un an, et un niveau qui se rapproche de celui observé pendant de la crise financière. Et c’est ce qui explique que le nombre d’emplois menacés a dépassé 37 000 pour la première fois depuis sept ans. Moins de la moitié d’entre elles sont directement liquidées, mais cela représente toutefois 58% des emplois menacés.

Restauration, commerce et services aux particuliers toujours en difficulté

Le nombre de défaillances de restaurants continue d’augmenter (+21 %), à un niveau proche de celui de l’été 2018. La restauration rapide est nettement plus affectée que la restauration à table. Et si la situation des débits de boissons se dégrade encore, l’hébergement, en revanche, a enregistré un léger recul du nombre de défaillances. Le commerce de détail se situe, quant à lui, à un niveau proche de celui de 2019, alors que les défaillances de magasins multi-rayons et d’épiceries sont au plus haut depuis au moins dix ans. Les défauts d’entreprise sont également en hausse sur le secteur des services aux particuliers, et notamment chez les coiffeurs et instituts de beauté.

Les services BtoB à la peine, la construction tente de résister

Le secteur de la construction, qui avait bien résisté jusqu’à présent, est revenu à son niveau d’avant la crise sanitaire. En revanche, les défaillances d’agences immobilières ont bondi ce troisième trimestre 2023 (+98%), à un niveau jamais atteint depuis plus de dix ans. Dans l’industrie manufacturière, les activités d’imprimerie, de fabrication de parfums et de produits de toilette ou de matériel médico-chirurgical et dentaire sont particulièrement en tension. Et dans l’agroalimentaire, ce sont les activités de boulangerie-pâtisserie et de pâtes qui souffrent le plus.

Les défaillances ont continué d’augmenter dans les services aux entreprises, notamment dans les activités de conseil en communication et gestion et le nettoyage de bâtiments. Sur le secteur informatique, la situation continue de se dégrader dans les activités de programmation. Dans le transport routier de marchandises, l’interurbain et le fret de proximité enregistrent une très forte sinistralité. Enfin, le secteur agricole connaît un recul des défaillances (-5 %), plus sensible dans l’élevage (-28 %).