Le salon du MIF, entre succès et inquiétudes

Le salon Made in France, à Paris a connu un pic de fréquentation, ce mois de novembre. Les entreprises y ont exposé leur savoir-faire. Mais pour le secteur, c’est aussi l’occasion de rappeler sa fragilité face à la crise actuelle.

Le stand de Saint James, fabriquant historique de pulls marins, en Normandie
Le stand de Saint James, fabriquant historique de pulls marins, en Normandie

Le triomphe avant le creux de la vague ? La dixième édition du salon du MIF, Made in France, qui s’est tenue à Paris du 10 au 13 novembre, a battu tous ses records : 1 015 exposants et plus de 100 000 visiteurs. La première édition du salon avait accueilli 70 exposants et 15 000 visiteurs… Mais cette année, dès le premier jour, en dépit de la grève des transports, les visiteurs étaient nombreux : à l’approche de Noël, le salon MIF est devenu un rendez-vous prisé de nombreux Parisiens, une vitrine et un lieu de vente pour toujours plus d’entreprises. Une partie d’entre elles sont venues dans le cadre des pavillons organisés par leur région : cette année, huit étaient présentes pour promouvoir leurs PME, à l’image d’Auvergne Rhône-Alpes, qui a embarqué 31 entreprises artisanales de nougat, chaussures, poêles à granulés, biscuits, couettes de lit… Toutefois, certains artisans de la région disposaient d’un stand sur le village de la CMA, Chambre des Métiers et de l’Artisanat. « Cette année, nous avons fait le choix d’avoir un stand particulièrement important. Avec nos pavillons régionaux, nous permettons à 110 artisans d’être présents et 60 % d’entre eux sont là pour la première fois. Il s’agit d’une opportunité commerciale pour eux », explique Joël Fourny, président de CMA France. « Sans la CMA, nous ne serions pas là », confirme Jean-Pierre Boucey. Avec sa femme, Julie, originaire du Laos, il a fondé N’OYE («la petite» en Laotien), qui propose des sauces -aux cinq épices, à la cardamone… - déjà commercialisées à la Grande épicerie du Bon Marché à Paris, temple des gourmets, et dans certains Monoprix. C’est la première fois que le couple fait le voyage depuis Saint-Lô (Manche), siège de l’entreprise. Et leur petit stand a beau se situer au fond du vaste hall, les visiteurs en quête de cadeaux originaux défilent.

Mais en dépit de cette ambiance d’achats de Noël, les professionnels restent inquiets : l’engouement pour le Made in France survivra-t-il à la hausse des prix? « L’inflation constitue une réelle difficulté pour les entreprises. Certaines vont devoir réduire leur activité, voire l’arrêter », redoute Joël Fourny.

Montrer sa fabrication et faire connaître son inquiétude

Au-delà de la conjoncture difficile, une tendance nouvelle s’est imposée sur le salon du MIF, cette année : se déclarer Made in France ne suffit plus, il s’agit également d’ouvrir les portes des ateliers, de montrer comment on travaille… « Nous avons souhaité mettre en valeur le fabriqué en France, le savoir-faire des artisans sur le territoire », confirme Joël Fourny. Au sein du village de la CMA, par exemple, les visiteurs observent une femme artisan qui fabrique des pantoufles du Berry, un modèle proche des charentaises. A quelques pas de là, sur le stand de Saint James, fabriquant historique de pulls marins en Normandie, une couturière postée derrière sa machine explique son travail aux passants. C’est aussi le cas d’un bottier – tablier de cuir, béret basque et grand sourire- sur le stand de la filière du cuir. Cette dernière a proposé aussi aux visiteurs de participer à des ateliers consacrés à « découvrez comment se répare une chaussure », organisé par la cordonnerie A la ville A la montagne, ou encore « fabriquez votre couverture de carnet en cuir 100 % recyclé », avec Pigeoncoq, spécialiste du « Do it Yourself » en maroquinerie.

Et surtout, cette année, un hall entier - 1 400 m²- était entièrement consacré à « l’Usine du futur » : sous la houlette de Le Slip Français, marque iconique du renouveau du Made in France, quelque 80 salariés de 25 entreprises du secteur ont mis en scène leur savoir-faire sur une quarantaine de machines : brodeuses à presses, métier à tisser, à échantillonner avec assistance par ordinateur, métiers à tisser Jacquard…A coté de Neyret, fabricant d’étiquettes textile depuis 1823, figuraient aussi des spécialistes des logiciels pour les métiers de la mode (Lectra) et des représentants de la culture du lin, qui renaît en Normandie… En plus de séduire les potentiels consommateurs, et aussi, d’éventuelles recrues, la filière textile s’est procurée avec l’« Usine du futur » - une tribune de choix pour relayer son inquiétude quant à l’impact de la flambée des prix sur son activité. Y compris auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, qui s’y est rendu.

Mif ou pas Mif ? La Douane répond

Mon produit est-il Made in France ? « la réponse n’est pas toujours évidente, car les règles sont spécifiques à chaque produit », explique Valérie Brochet, adjointe au chef du bureau politique tarifaire et commerciale de la direction générale des Douanes et des droits indirects, présente sur le salon MIF. Cette administration conseille gratuitement les entreprises qui souhaitent apposer le marquage d’origine « Made in France » sur leurs produits.