La Région et les acteurs de la place portuaire dévoilent leur ambition pour les ports de Normandie

Le président de la Région Normandie, Hervé Morin et les acteurs économiques, maritimes et industriels, des places portuaires du Havre et de Rouen, ont exprimé leur volonté de faire de l'axe Seine un élément majeur du développement économique. Ils ont présenté leur ambition portuaire, jeudi 14 octobre.

Le Havre est le cinquième plus grand port nord-européen. (Photo d'illustration)
Le Havre est le cinquième plus grand port nord-européen. (Photo d'illustration)

Ils veulent jouer "collectif". À tour de rôle, le président de la Région Normandie et les acteurs de la place portuaire ont exprimé la volonté de travailler ensemble, à l'image des associations d'industriels AEPJR (Port-Jérôme) ou plus récemment Upside à Rouen, pour faire des ports de l'axe Seine un exemple de développement économique et de transition énergétique. Jeudi 14 octobre, ils ont ainsi présenté leur stratégie 2021-2025 en cinq axes (attractivité, compétitivité, numérique, formation et ancrage territorial).

La transition énergétique pour renforcer
l'attractivité industrielle et la compétitivité

L'industrie représente 16% de l'emploi régional avec 207 500 emplois et 15 700 établissements. Pour pérenniser cette industrie, « la décarbonation n'est pas une option mais une obligation », martèle Régis Saadi, président de France Chimie et directeur du pôle analyse chez AirLiquid. « Le modèle gagnant est de maintenir notre tradition industrielle en accélérant le modèle décarboné, cela permettra à l'Axe Seine de devenir une référence », a analysé Alexandre Wahl, directeur général de l'AD Normandie.

Pour un développement économique « responsable et vertueux », la Région et les acteurs de la place portuaire vont favoriser l'implantation d'industries autour de la transition énergétique telles que les énergies marines renouvelables (EMR), à l'image de l'usine Siemens Gamesa, et l'hydrogène.

« La Normandie est le bassin français qui produit et consomme le plus d'hydrogène », assure Régis Saadi. En chiffres, 350 000 tonnes des 900 000 tonnes consommées annuellement en France le sont en Normandie. L'hydrogène apparaît incontournable pour réussir une transition énergétique. Pour cela, la Région et les acteurs portuaires vont soutenir les projets de captation de CO2, comme celui qui réunit AirLiquid et TotalEnergies. ''Une étude est engagée par Synerzip-LH en collaboration avec les acteurs industriels de Rouen, Le Havre et Port-Jérôme sur l'utilisation et la valorisation du CO2 et le captage, stockage et séquestration dans les couches géologiques'', a indiqué la Région. « L'hydrogénisation des ports est important, elle permettra d'apporter une première initiative », s'est exclamé Hervé Morin.

Les acteurs de la place portuaire et le président de Région ont présenté leur stratégie 2021-2025. (Photo Région Normandie)

Par ailleurs, afin d'anticiper l'installation de projets industriels, la Région et les acteurs de la place portuaire, en étroite collaboration avec Haropa (gestionnaire et propriétaire de 15 000 ha de foncier dont 6 000 dédiés à l'activité portuaire, industrielle et logistique), veulent développer l'offre foncière avec l'objectif de créer des zones franches afin de contenir la concurrence des ports britanniques et développer le foncier "clé en main", entre autres.

Le numérique et les universités au cœur de la stratégie

Après la transition énergétique, les acteurs économiques ont abordé la transition numérique. L'objectif : favoriser la coopération autour des usages de la donnée. Pour cela, une "porte d'entrée numérique portuaire commune", type Port community system (PCS), devrait être mise en place entre Haropa et les ports régionaux. La coopération dans la donnée sera favorisée avec la coopération de plusieurs structures normandes dont DataLab Normandie. La cybersécurité n'est pas oubliée : un centre de réponse aux attaques cyber devrait être mis en place avec l'ANSSI.

Autre point présent dans la stratégie portuaire de la Région : la formation. « Il faut que les universités normandes soient une référence dans les formations maritimes », s'est exclamé Hervé Morin. Et d'annoncer : « Je souhaite une nouvelle école d'ingénieur chaque année dans la région. » La Région et les acteurs portuaires vont donc réfléchir à l'adaptation des offres de formation aux besoins des entreprises et aux métiers de demain. Pour cela, ils vont s'appuyer sur les trois campus de qualification et de métiers d'excellence : énergie, industrie des mobilités et supply chain. Un partenariat entre Haropa, Ports de Normandie et l'Agence normande de l'orientation fait également partie des actions proposées.

"Il faut aller vite"

Loin d'être convaincu par le modèle de gouvernance d'Haropa, le président de Région continue de militer pour une meilleure représentation des acteurs publics et privés, notamment celle de la Région Normandie dans le conseil de surveillance. Hervé Morin et les acteurs portuaires ont annoncé vouloir revoir la politique de dividendes et de financements de l’État, avec comme proposition de réinvestir les dividendes dans des projets stratégiques.

Car, l'enjeu est de rester compétitifs face aux ports du Nord de l'Europe. « Il faut aller vite », s'accordent à dire les acteurs industriels de l'Axe Seine. « Il faut pouvoir proposer des services équivalents et fiables pour peser dans la compétition internationale », a déclaré Jean-Philippe Petit, de l'Association des entreprises de Port-Jérôme et sa région (AEPJR). Et d'ajouter : « Il y a urgence à mutualiser les solutions et à travailler sur la multimodalité. » Une multimodalité représentée, entre autres, par le projet tant attendu de la chatière au Havre, dont l'enquête publique devrait être achevée dans les prochaines semaines.

Les instances locales de Haropa ont leurs présidents

Mardi 12 octobre, les membres des conseils de développement territoriaux des ports de Rouen et du Havre, réunis pour la première fois depuis la création de Haropa, ont procédé à l’élection des présidents de ces instances locales.

Nils Bénéton, directeur général SEA INVEST France, a été élu président du conseil de développement territorial de Roue ; et Hervé Bonis, président de l’UMEP et directeur général délégué SEAFRIGO, président du conseil de développement territorial du Havre.

Composés de 30 membres regroupés en quatre collèges, ces conseils sont chargés, auprès des directeurs généraux délégués des directions territoriales de Haropa, de représenter les intérêts locaux et de les porter auprès des conseils de surveillance et d’orientation. Ils sont composés de représentants de la place portuaire, de représentants des personnels, des entreprises exerçant leur activité sur le port, de représentants des collectivités territoriales et leurs groupements, et des représentants des milieux professionnels et associatifs intéressés par le développement de la place portuaire.