Normandie : une nouvelle initiative pour développer la fabrication additive

Mardi 20 avril, Normandie AeroEspace a lancé Fan (Fabrication additive en Normandie), une marque qui a pour but de déployer l'impression 3D dans les entreprises de la région. 

Arkema fait partie du réseau Fan. (Photo NAE)
Arkema fait partie du réseau Fan. (Photo NAE)

« Je suis Fan, et vous ? », c'est le slogan de la nouvelle marque lancée par Normandie AeroEspace (NAE), mardi 20 avril, devant ses membres et les acteurs économiques de la région. Elle a pour but de développer la fabrication additive au sein des entreprises normandes.

« La fabrication additive est l'une des technologies d'avenir », s'est exclamé Philippe Eudeline, président de NAE. Elle permet de fabriquer des pièces plus complexes à partir de croissance de matière, ce qui permet d'ajuster la quantité de matière au besoin, c'est prometteur. » Une technologie d'avenir qui pourrait permettre aux entreprises du secteur de l'aéronautique de faire face à la crise et de préparer le futur.

Mais pour que cette nouvelle technologie soit utilisée, encore faut-il que les entreprises puissent se l'approprier. C'est tout l'enjeu de cette initiative. « Après l'identification des nouvelles technologies disponibles et indispensables à la croissance de nos entreprises, il faut regarder comment elles peuvent être déployées dans ces entreprises », précise le président de NAE, qui compte plus de 100 PME aux activités diverses. Et cela passe par « la recherche, l'expérimentation et la formation », selon Philippe Eudeline. Le tout grâce à un réseau qui regroupe les différents acteurs régionaux. 

 Fédérer les acteurs normands

Avec Fabrication additive en Normandie (Fan), NAE et ses partenaires (CCI de Normandie, Cosmetic Valley, NextMove, Normandie Energies, Normandie Maritime, Pôle ATEN – CMA Normandie et Pôle Pharma) veulent donc fédérer les acteurs normands de l'impression 3D. Déjà 20 industriels sont répertoriés, dont Volum-e, mais aussi Francofil et Arkema.

Ces deux dernières entreprises ont d'ailleurs mis au point des plateformes accessibles aux entreprises. Chez Francofil, qui produit et développe des filaments pour impression 3D, l'objectif est de « donner l'accès de la FDM au plus grand nombre, en faisant découvrir cette technologie et en facilitant son accès aux entreprises, collectivités, écoles », a expliqué Florent Port, le président de l'entreprise. Chez Arkema, la plateforme fonctionne selon le même principe avec du plastique sous forme de poudre. Cinq expérimentations ont été réalisées depuis son lancement en novembre 2019. Les entreprises intéressées par cette nouvelle technologie peuvent venir avec leur matière ou leur cahier des charges. Le premier test est financé par la Région Normandie. NAE s'occupe de la gestion de ces plateformes.

Chez Francofil, l'objectif est de rendre la FDM accessible. (Photo NAE)

 « Une belle dynamique »

La marque Fan se décline aussi en académie pour développer les cursus de formation en lien avec les différents procédés de fabrication additive. Cette académie regroupe des acteurs de la formation comme le CESI, Esitech Rouen, Insa Rouen ou encore Normandie EcoSpace. Aujourd'hui, 26 formations existent sur le territoire dans 9 organismes. L'idée pour NAE est donc de structurer l'ensemble des formations à travers cette académie Fan.

« La Normandie est la région avec la plus belle dynamique dans la fabrication additive », a affirmé Jean-Daniel Penot, de France Additive. Mais des freins sont encore présents : la disparité entre la propriété matière et le produit fini, qui est à l'étude avec le projet Clip Fam ; la robustesse procédé, la finition manuelle et l'aspect recyclage. Ces freins, NAE espère les lever pour que la Normandie devienne un territoire d'excellence dans cette nouvelle technologie.

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La fabrication additive utilisée chez Bernay Automation

Sylvie Vandendriessche était invitée ce mardi 20 avril à témoigner sur l'utilisation de la fabrication additive dans son entreprise, Bernay Automation. Cette PME conçoit des systèmes de dévracage pour automatiser des lignes de production. Le produit historique de l'entreprise est le bol vibrant. « Depuis 2017, l'entreprise s'est lancée dans une transformation dans le mouvement de l'industrie du futur en s'intéressant aux nouvelles technologies, les solutions connectées et, en particulier, la fabrication additive », a expliqué la présidente.

Bernay Automation s'intéresse véritablement à cette technologie en 2017. « En tant que PME, nous ne pouvions pas réussir seuls, lance Sylvie Vandendriessche. Nous sommes allés chercher l'accompagnement auprès du Cetim pour nous approprier la fabrication additive. » L'entreprise compte aussi, parmi ses 80 salariés, un groupe de personnes passionné par l'impression 3D.

Répétabilité, traçabilité, gain de temps

Dès 2019, Bernay Automation a les capacités de concevoir des pièces en fabrication additive. « En 2020, on s'adresse à Arkema pour expérimenter le PA11 [polyamide 11 biosourcé, NDLR], qui permet d'avoir une touche verte dans nos réalisations. »

Forte des expérimentations concluantes avec Arkema, l'entreprise peut concevoir des pièces avec des fonctions supplémentaires. « Ce n'est pas qu'une technologie, ce n'est pas qu'un morceau de plastique, ce sont des pièces complexes conçues en fabrication additive, qui nous permettent la répétabilité, la traçabilité, le gain de temps », affirme-t-elle. Et d'ajouter : « C'est une autre façon de concevoir et c'est une vraie montée en compétences pour un certain nombre d'opérateurs ». L'avantage de cette nouvelle technologie est la compétitivité, les produits étant moins chers. « Environ 30% de moins, grâce au gain de temps important », précise Sylvie Vandendriessche, qui est actuellement à la recherche de partenaires locaux pour l'impression.